Syracuse

Avis des lecteurs

• L'annonce de la publication de textes inédits d'auteurs qu'on aime fait anticiper un plaisir mêlant retrouvailles et découverte. La lecture de "J'étais Dora Suarez" m'a laissé le souvenir d'un astre à la noirceur absolue où la confrontation avec le mal va de pair avec une identification au plus près, à la limite de la folie, à la victime. On redoute alors d'autant plus d'être déçu face à des fonds de tiroir qui ne seraient pas à la hauteur... Si l'on n'atteint pas les sommets de "Dora", la crainte n'est pas fondée ici, et la lecture se révèle dominée par l'admiration devant un portrait sans concession, mais aussi humaniste, porté par l'écriture. Le texte, écrit en 1966, alors que Robin Cook a déjà deux livres derrière lui, peut constituer une bonne amorce pour découvrir son oeuvre, car une partie de ses thèmes et de sa manière sont déjà présents. Le récit est celui d'un homme face à son psychiatre, auprès de qui il a été envoyé après un attentat à la pudeur : par ce déballage d'abord contraint et rageur, le narrateur -qu'on imagine très proche de l'auteur...- règle ses comptes avec la classe supérieure anglaise, dont il est issu. La suite du récit, qu'on croit d'abord sans lien, d'un voyage dans le fin fond de l'Espagne de l'époque vient parachever le propos, par la quête d'une compassion dénuée de religiosité. Unique, Robin Cook ? Tout à fait singulier, en tout cas, et à ne surtout pas confondre avec son homonyme américain, auteur de thrillers médicaux en série.

  Corinne C. - Le 27 novembre 2012 à 14:21