LA BANDE DESSINEE SANS TEXTE

Proposer un imagier à un enfant, lui lire une histoire semble aller de soi et cela se fait depuis très longtemps. Déposer une bande dessinée sans texte entre les mains d’un primo lecteur est plus récent. En effet, la BD muette pour jeune public est apparue récemment dans le paysage du neuvième art, à la fin des années 2000.

Les bienfaits de la bande dessinée sans texte chez le jeune enfant

Aspect cognitif

Il s’agit d’un véritable outil pour appréhender la lecture de l’image. A travers le regard et les émotions des personnages les petits « lecteurs » apprennent à lire les illustrations et à les décrypter.
L’intrigue se comprend juste avec les dessins et permet aux enfants d'aborder le récit narratif découpé en séquences à leur rythme. L’image porte l’histoire. Ce qui n'est pas le cas quand l'enfant se trouve face à un écran qui impose son propre rythme, la plupart du temps trop rapide pour que le petit suive l'histoire. Très vite, l'enfant, même tout petit, saisit le principe des ellipses (espace entre les cases) et donc de la bande dessinée, il peut compléter et animer l'histoire à partir des images fixes : il lit ! Il découvre le sens de la lecture.
La bande dessinée sans texte peut ainsi accompagner l’acquisition de compétences chez l’enfant : compréhension de la chronologie, élargissement du lexique, aisance dans la prise de parole.
Le décodage de l'image et la prise en compte des codes de la bande dessinée (sens de lecture) permettent à l'enfant de se familiariser avec une pratique pour laquelle il va acquérir des automatismes.
Le plaisir d’un moment partagé avec l’adulte, et le plaisir du livre : La lecture de bandes dessinées sans texte accessible aux plus petits facilite le rapport des enfants avec la lecture, leur donne envie d'ouvrir toutes sortes de livres.
Ce type de support joue le rôle de déclencheur dans le plaisir de l’apprentissage de la lecture. L'enfant, lorsqu’il décode et comprend l’histoire à partir des dessins va ressentir de la fierté et prendre confiance en lui à l’aube de l’apprentissage de la lecture
Les enfants peuvent lire une histoire aux plus grands. L’adulte devient spectateur et écoute le récit que fait l'enfant de la bande dessinée sans texte, il s’agit d’un moment de partage précieux.
Les rôles s'inversent afin que l'enfant puisse donner sa version, faire entendre sa voix. Il n'y a pas de textes écrits, mais les images sont là, et le petit lecteur fait vivre l'histoire grâce à ses mots.
Autonome face au livre et à la lecture, l'enfant développe de l'assurance avec sa lecture à voix haute ! La bande dessinée muette permet à l'enfant de lire et lui offre l'occasion de faire luimême les dialogues ou les bruitages. 

Aspect physique de la BD et graphisme  

Le format de ce type de document doit permettre une prise en main naturelle pour l’enfant. Le graphisme doit être adapté à un primo lecteur :Le nombre de cases par planche doit être limité afin d’aérer l’ensemble, la trame du récit doit être limpide, clair et simple afin de familiariser l’enfant avec l’art du récit. Le personnage central est présent dans chacune des cases. L’utilisation des sauts dans le temps, des flash-back sont à limiter. L’utilisation d’idéogrammes permet de traduire l’état d’esprit des personnages et d’exagérer les émotions afin que l’enfant comprenne la situation. Le découpage de l’action case par case et page par page doit être détaillé. Certains auteurs prennent le parti d’intégrer aux cases ne nombreux détails, l’enfant est amené à relire le document et ainsi à remarquer des détails non décelés lors de la première lecture. D’autre prennent le contrepied de case presque blanches et épurées pour recentrer l’attention du lecteur sur l’action et les personnages. Dans le même but, on retrouve une déstructuration des cases, pour relancer l’intérêt du lecteur et renforcer la narration.


La bande dessinée muette et les élèves allophones   

Sans maîtriser la langue du pays d’accueil, l’enfant primo-arrivant peut lire l’image, comprendre les émotions des personnages de la bande dessinée muette. Cela favorise les interactions langagières et sociales avec les camarades de classes développant ainsi l’enrichissement du vocabulaire et la confiance en soi. Les images donnent accès au plaisir offert par la littérature. Il s’agit d’un support divertissant qui permet l’apprentissage de la langue de scolarisation.
Dans la bande dessinée sans texte, le personnage principal vit des aventures drôles, passionnantes, centrées sur des thématiques générales comme la colère, l’esprit d’équipe, l’amitié, la différence... Des concepts universels en somme.

Conclusion :

La bd sans texte est un véritable support pour décrire un récit que l’enfant comprend. Il apprend à maîtriser le sens de la lecture, les thématiques abordés concernent le primo lecteur, il s’investi donc dans le rapport à cet outil et gagne en autonomie et en confiance. Pas de doute, la bande dessinée sans texte propose une vraie lecture, annonciatrice d’un avenir de futur lecteur à ces tous jeunes enfants. La bd sans texte participe à la construction de leur identité de lecteur.

Terminologie en bande dessinée

Les cases, ou vignettes : La case est un cadre dans lequel on place le dessin et le texte. C’est dans les cases que se raconte l’histoire. Chaque case fige un moment de l’histoire.
Les bandes, ou strips : La bande est une succession de plusieurs cases qui prennent toute la largeur de la  planche. En anglais, on appelle cela un strip.
Les gouttières : L’espace (généralement blanc) qui sépare deux cases est appelé « gouttière ».
Les phylactères : Ce sont les bulles de dialogues.
Une ellipse : Une ellipse est un moment qui n'est pas montré.
C’est-à-dire qu’une ellipse est un passage qui coupe la continuité d’une action : une action se déroule, une ellipse intervient et l’action a avancé sans qu’on la voie. L’art de l’ellipse est l’essence de la bande dessinée. En effet, celle-ci étant un récit composé de cases, lorsque le récit avance, on a nécessairement une ellipse entre chaque case. On peut dire qu’il y a ellipse quand il y a une réelle rupture de l’action. Dans ce cas, l’ellipse est utilisée comme une figure de rhétorique, c’est-à-dire qu’elle est utilisée comme un procédé de narration en vue de produire un effet.
La planche : En bande dessinée, une planche est le terme utilisé pour désigner la page.
Les marges : Sur notre planche, on commence par placer des marges, en haut, en bas, à droite et à gauche. Ce sont des zones blanches sans dessin, ni texte ni personnage.
La page : Une page accueille généralement deux planches, une sur son recto et l’autre sur son verso.

La bande dessinée sans texte: bibliographie :

Editionsdelagouttiere.com › qui-sommes-nous
Ces éditions proposent un environnement pédagogique et ludique en direction des enseignants (onglet : autour des livres)

Editionsdelagouttiere.com › les-coulisses 
Interview de Dawid et Frédéric Maupomé réalisée à l’occasion du salon du livre jeunesse de Montreuil. Les auteurs dévoilent leur manière de concevoir et de créer la bande dessinée sans texte ! (Scénariste et illustrateur des bandes dessinées « Anuki » et « Dessus dessous »

La BD sans texte, ou comment amener le tout petit à la lecture : www.francetvinfo.fr › Culture › BD
L’interview de Marc Lizano et Serge Tisseron

Emission BD - Kaboom! #34 - "La BD pour les tout petits"
YouTube · KABOOM! l'émission TV 100 % BD !

Des ronds dans l’O éditions 
L’interview de Baptiste Amsallem (illustrateur de la série « monsieur lapin »)
www.desrondsdanslo.com › MrLapinT4